130 grammes environ

"Misère et grandeur de l’homme. Rien n’est si insupportable à l’homme que d’être dans un plein repos, sans passions, sans affaire, sans divertissement, sans application. Il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, son impuissance, son vide. Il y a dans les hommes un instinct secret qui les porte à chercher le divertissement qui vient du ressentiment de leurs misères continuelles ; ils ont un autre instinct secret qui reste de la grandeur de notre première nature, qui leur fait connaître que le bonheur n’est en effet que dans le repos, et non pas dans le tumulte et de ces deux instincts contraires, il se forme en eux un projet confus…".

Le jeu de palet sur planche est un jeu traditionnel du Pays Gallo. D’origine rurale, il a été récupéré par les ouvriers, devenant plus technique et structuré. Un sport ? 130 grammes, c’est le poids du palet. Le palet, c’est la pièce de fonte qu’on lance sur la planche de peuplier à la distance de cinq mètres, par équipe de deux à quatre joueurs. La partie se joue en douze points. Il s’agit de placer le palet le plus près du "maître".

Examiner ce divertissement sous tous ses aspects, tant gestuels que techniques, historiques, sociologiques… et tenter de trouver de la poésie dans un domaine où on ne pense pas à priori forcément en trouver ! C’est l’idée de ce spectacle où la matière de l’écriture est nourrie de différentes contributions sous forme d’interviews (praticiens de loisirs ou de compétitions, musicien, danseur, ergothérapeute, sidérurgiste, chercheurs en physique) afin de croiser les regards et débusquer dans ce divertissement, matière à fantaisie, humour, poésie…
Nos petites occupations ne sont pas si dérisoires !



avec la participation de : DRAC Bretagne, Conseil Régional de Bretagne, Conseil Général d’Ille et Vilaine, Champs Libres / Rennes Métropole, L’Aire Libre / St Jacques de la lande, ODDC Côtes d’Armor, Théâtre des Jacobins / Dinan, Ville de St Samson sur Rance, avec la complicité du CCSTI / Rennes et de l’EPI / St Jacques de la Lande.

Massimo DEAN et Cécile KIFFER

Création Théâtre de L'Aire Libre- 2004
Ecriture et mise en scène Jean Beaucé
avec:
Cécile KIFFER et Massimo DEAN
Création Images: Marie DAULT
Création univers sonore: François POSSEME

Le thème de ce spectacle est le jeu de palet sur planche à cinq mètres, sport ! traditionnel du pays gallo.

130 grammes environ de tendresse -
Le metteur en scène, Jean Beaucé, présente sa nouvelle création à l'Aire libre
130 grammes environ est la nouvelle création du metteur en scène Jean Beaucé. Une fantaisie théâtrale en 10 tableaux, imprégnée de l'univers des palétistes, présentée à partir d'aujourd'hui à l'Aire libre.
Habitué à piocher ses sujets de mise en scène là où l'on ne s'y attend pas, Jean Beaucé s'est immergé dans l'univers des palétistes pour sa nouvelle création 130 grammes environ. « J'ai toujours connu ce jeu-là, confie ce natif de Fougères, de ce pays gallo où justement ce jeu est un sport « national ». Pourtant, il n'y a quasiment rien comme témoignages et écrits sur cette pratique. Il y a bien quelques reportages, mais je n'ai pas trouvé de travaux d'étudiants. Juste le catalogue d'une exposition de photos en 1983 au Musée de Bretagne. » Un regret. Surtout lorsque l'on a vu son père s'y adonner pendant tant d'années. « Tous les jeudis, il jouait dans le garage, sourit-il. Quand il est mort, j'ai récupéré sa planche et ses palets rangés dans une trousse en cuir. »
Aujourd'hui, Jean Beaucé répare donc un petit peu cette injustice en consacrant sa nouvelle création à cette pratique. « J'ai voulu porter un regard sur cette petite occupation, sans aucun mépris. Un divertissement pas cher qui peut se jouer n'importe où, avec ses propres codes de comportement et de langage. Cela me faisait plaisir d'examiner ce jeu et ces différents aspects. » Pour ce faire, il est allé à la rencontre des palétistes de Saint-Jacques de la Lande. Il a interviewé aussi un ergothérapeute, un ouvrier retraité, ancien fondeur de palets dans une petite entreprise sidérurgique des Côtes d'Armor, un musicien réagissant aux sons, un danseur intervenant sur la nature des gestes et les mouvements du corps, un chercheur en physique... Toutes ses contributions réapparaissent un moment ou un autre dans sa création. « Les comédiens s'en sont réappropriés une partie. » Mêlant images, sons et jeu théâtral, cette fantaisie porte un regard décalé, souriant, tendre et poétique, mais aussi parfois amer, sur ce petit monde. « Il n'était pas question de faire de la caricature. Ce n'est pas une déconnade. Parce qu'il y a aussi une grande profondeur. Nos petites occupations ne sont pas si dérisoires ! »
Janik LE CAÏNEC. Ouest-France Janvier 2005