mardi 8 septembre 2009

Théâtre de L'AIRE LIBRE
Saint-Jacques-de-la-Lande
du 22 au 29 octobre à 19 heures
durée 50 minutes

HISTOIRE DE MARIE
d'après Brassaï
Adaptation et mise en scène Jean Beaucé
avec : Cécile Kiffer, comédienne, François Possémé, création univers sonore, Marie Dault, images

Une comédienne, un personnage, le texte d’un artiste plus connu pour ses photographies que pour ses écrits et le désir de Jean Beaucé d’enrichir le langage scénique par la confrontation et le dialogue entre le texte, l’interprétation, l’image et le son.Marie raconte "l’histoire du triste paria que nous aurons toujours avec nous. Les choses qui lui arrivent, ses réactions, ses réflexions, son langage même, nous les connaissons intimement et nous les reconnaissons comme si Marie était une part de nous-même. Nous rions de ses embêtements ou nous en pleurons, selon notre tempérament et notre éducation.Mais nous ne faisons jamais rien pour améliorer son sort.Les Marie de ce monde savent qu’elles sont condamnées, que, sous aucun régime, on ne fera rien pour les soulager. Elles récitent à haute voix leur complainte et cela raisonne comme si elles se parlaient à elles-même. Quelle colère dans ce bavardage...Brassaï restitue non seulement la pensée stricte et les actes de la femme de ménage mais aussi les odeurs qui émanent de ses mouvements, de ses rêves, de toute sa vie sevrée d’amour."Henri Miller" …le texte de Brassaï ne nous épargne pas les détails et, pourtant, on s’attache. A Marie, mais surtout à son univers où la vidéo, le dessin, la peinture et les petits airs électros s’entrelacent. C’est qu’il s’en passe des choses sur ce petit bout de scène… Son déhanchement lascif, sur un « Love me tender » langoureux juchée sur un tabouret, en compagnie de son avocat virtuel, projeté sur l’écran, est une petite perle de poésie et d’humour. La mise en scène, signée Jean Beaucé, regorge de ces astuces et de petits clins d’œil à Brassaï… Comme quoi, une chienne de vie mérite aussi qu’on en fasse de l’art.
"Benoît Le Breton. Ouest-France

Marie ou la photo d'une souillon - Rennes-mercredi 06 juillet 2005Brassaï était photographe. Du moins c'est ce qu'on garde de cet Hongrois de Paris. Pourtant, Brassaï était écrivain et peintre avant de songer à la photographie. La preuve, son « Histoire de Marie » qu'il écrivit en 1947 avec son ami Henri Miller. Alors, quand Jean Beaucé monte ce texte pour le théâtre - Est-ce objectif ou est-ce induit ? - on prend ce portrait de femme comme une photo, comme un cliché sensible d'une souillon universelle. Car cette Marie, on ne la connaît pas. Mais elle nous semble proche. Elle nous semble intime. Oh, une intimité bien peu ragoûtante ! Celle des parias et des sans nom que Jean Beaucé affectionne. Pas par complaisance. Simplement parce que la misère humaine est aussi porteuse d'humanité. Alors Marie raconte sa triste vie, sa colère, sa méchanceté, tous ces maux qu'on lui prête. Et on se prend d'affection pour cette âme en mal d'amour.Pour les Tombées, ce spectacle créé en 2003 est repris dans une salle terriblement basse de plafond. Tant pis... Ou tant mieux. Cette étroitesse renvoie au gourbi de son existence. Et surtout, la comédienne Cécile Kiffer lui donne vraiment vie, ou du moins ce qu'il en reste. Il y a bien du Miller aussi dans tout cela. Pas du Big Sur mais du Sexus. Avec l'apport de cet écran noir que Marie peint en blanc, puis repeint en noir. Avec ces images projetées. On revient encore à la photo. Cécile Kiffer émeut. S'échappe rarement de son personnage. On prend cette histoire comme une claque. Un aller-retour sur la vie qui n'en est pas une. Une baffe d'existence en une heure chrono. Juste du théâtre portée par une comédienne. Juste avec un univers sonore pour respirer un peu. C'est sans espoir. C'est simple et beau.
Gilles KERDREUX. Ouest-France

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